En tant que «geek» assoiffée de littérature, je prépare ma visite au 36e Salon du livre de Montréal (du 20 au 25 novembre 2013 à la Place Bonaventure). J’étais en train d’explorer le site internet de l’évènement lorsqu’une vague de chaleur submergea mon cœur. Vous avez bien lu! Même si je suis fascinée par la cybernétique, je me fais un point d’honneur de rester humaine. Les innombrables dragons, cyborgs, terminators, extra-terrestres et autres ennemis qui hantent les récits de science-fiction ou fantasy illustrent bien l’importance de préserver notre humanité. Bien que ces récits soient fort agréables à lire, le véritable « geek » est conscient de cette problématique. C’est pourquoi je n’ai pas pu m’empêcher de partager ma découverte avec vous.
En l’honneur de la journée internationale des écrivains emprisonnés (qui a lieu le 15 novembre de chaque année), l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) en association avec Amnistie internationale et le Centre québécois du P.E.N. international présentent l’évènement «Livres comme l’Air 1».
Dix écrivains québécois ont été jumelés à des auteurs des quatre coins du monde emprisonnés ou persécutés pour leurs opinions. Quel merveilleux moyen de sensibiliser les lecteurs des pays où la liberté d’expression est respectée! Les livres dédicacés sont ensuite envoyés aux personnes opprimées ou leur famille comme appui moral. Ce geste me redonne confiance en l’être humain. Même dans une société individualisée et consommatrice comme la nôtre, certaines personnes se démarquent par la noblesse de leur âme.
Lors de cette soirée spéciale, certaines personnes, particulièrement impliquées dans l’univers de la fiction et de la fantaisie, seront présentes. L’auteur de la saga « Les sept Larmes d’Obéron» 2, Jean-Pierre Davidts sera du nombre. Lorsqu’on lit son livre «le Petit Prince retrouvé», on comprend la sensibilité de cet écrivain qui a toute sa place dans « Livres comme l’air». Cette compassion sera forcément un atout lorsqu’il s’adressera à Raif Badawi. Ce blogueur, créateur de sites libéraux saoudiens, a été arrêté pour avoir insulté l’islam sur le net. En Arabie Saoudite, cette accusation mène habituellement à la condamnation à mort. Après avoir été détenu pour son apostasie pendant un an, il a été relâché, mais l’état a gelé ses comptes bancaires. Comble de l’absurde, une personne de la famille de son épouse a exigé son divorce. Tout ça parce qu’il avait conçu un espace pour les débats sociaux en ligne. Le 30 juillet 2013, les médias saoudiens ont indiqué que Raif Badawi avait été condamné à sept ans de prison et 600 coups de fouet pour avoir fondé un forum virtuel qui «viole les valeurs islamiques et propage la pensée libérale 4». Je vous rassure, le Général Geek de Gang de Geeks est au Québec! Il ne subira pas de torture pour m’avoir laissé publier cet éditorial.
«Ce n’est pas parce qu’on se tait qu’on ne souffre pas».2
L’écrivaine Karoline Georges, sera aussi à la place Bonaventure pour cet évènement. Son livre «La mue de l’hermaphrodite» illustre bien son intérêt à l’éveil des consciences. J’ai bien hâte d’entendre ce qu’elle aura à dire à Dolma Kyab, auteur originaire du Tibet. Emprisonné depuis 2005 pour avoir supposément volé et publié des secrets d’État dans un manuscrit qui n’a finalement jamais été rendu public. Il tenait une chronique manuscrite qui parlait de la démocratie, de son désir de souveraineté pour le Tibet ainsi que de ses convictions religieuses. Comment ne pas faire le lien avec l’œuvre d’Orwell (1984)? Sans être alarmiste, Big Brother était peut-être une fiction dans les années quatre-vingt, mais à la lumière des agissements de certains dirigeants, il y a lieu de s’inquiéter.
C’est donc un rendez-vous le vendredi 22 novembre 2013, à 19 h 30, à la place d’animation le Carrefour Desjardins du Salon du livre de Montréal. Des pétitions seront affichées au kiosque 600 pour dénoncer le harcèlement, l’agression, la torture et les autres horreurs faites aux auteurs à cause de leurs écrits. Je sais qu’on ne peut pas changer le monde, mais on peut y faire une entaille. C’est à nous de jouer !
Références :
1. http://www.uneq.qc.ca/activites-litteraires/journees-mondiales/15-novembre/
2. DAVIDTS JEAN-PIERRE, Les Sept Larmes D’Obéron, Édition Michel Brûlé, 2011.
3. DAVIDTS JEAN-PIERRE, Le Petit Prince retrouvé, Édition les Intouchables, 1997.
4. Reuters via le Ney York Daily News. http://www.nydailynews.com/news/world/saudi-arabian-social-website-editor-sentenced-years-behind-bars-600-lashes-article-1.1412811