Enfin le temps est venu de vous présenter deux petits frères, qui sont à la source de nombreuses carrières prolifiques : les revues Solaris et Alibis. Commençons par le plus vieux. Depuis 40 ans cette année, Solaris, revue littéraire de fantastique et de science-fiction en français, parcours le monde. Elle s’est forgé une réputation solide de référence dans le domaine de la littérature des genres. Accessible maintenant en format epub en plus du PDF et du format papier, on serait fou de s’en passer!
Dans son édition de l’hiver 2014, la direction a fait une grande place à un écrivain exceptionnel qui est malheureusement décédé en octobre dernier. Bien qu’il ait été de multiples fois primées sur différents concours, Jean Dion est resté dans l’ombre. Pourtant ses thèmes percutants et profonds avaient de quoi faire des romans hors pair. C’est d’ailleurs avec plaisir que les lecteurs pourront relire «L’évangile des animaux» autrefois publié par la revue «Sous des Soleils étrangers». L’auteur y aborde la manipulation génétique en soulevant des questionnements profonds. Et que dire de ses descriptions, sinon que l’éclat de réalisme qu’elles projettent nous plonge dans le monde qu’il dépeint tout en nous tenant captifs. Voyez par vous-même.
«Le matou fixait la vitre ensoleillée avec une attention redoublée, comme s’il avait noté une anomalie dans l’environnement extérieur. Deux étages plus bas, de longues tiges d’acier noirci dessinaient une barrière horizontale dans la façade du bâtiment. L’Éblouissement des toitures environnantes donnait l’impression d’une rangée de crocs prêts à se refermer sur la partie supérieure de la tour.»
Le texte suivant, «La promesse de Tom», nous transporte dans un tout autre univers. Lucie, jeune fille d’âge préscolaire à l’imagination débordante, vient remuer les convictions des plus sceptiques d’entre nous. La frontière entre le surnaturel et l’imaginaire étant si mince parfois, qu’il en est difficile de trancher. Toutefois, c’est sous son nom de plume partagé avec Guy Sirois, qu’il nous désarçonne avec «Souvenirs de morts». Exploitant le paradoxe des vies antérieures à la sauce science-fiction, les auteurs nous entraînent dans une aventure tortueuse pour l’esprit. Une fois de plus, la magie des mots déployés nous enchaîne dans un récit hors du commun.
«Il jeta un coup d’œil aux alentours. Les vieilles maisons rouges qui se soutenaient les unes les autres ressemblaient à des milliers d’autres maisons d’un autre âge. Rien de familier. Un petit bar aux couleurs douteuses apparut tout à coup dans son champ de vision. Il l’avait identifié comme tel avant même de distinguer l’enseigne peinte qui balançait sans bruit sur ses gonds grande époque : Chez Zook.»
Pour ceux qui aiment le franc parlé, avec «Cheese!» de Katerine Thériault, vous serez servis. Fait à noter que l’illustration de Laurence Spehner est à couper le souffle. En un seul coup d’œil, on saisit l’étendue du drame exploré par l’auteur. Je vous laisse toutefois le plaisir d’en découvrir les aléas.
De son côté, Isabelle Lauzon, nous fait voyager sur les mers aux côtés d’un capitaine aux valeurs contestables qui fait face à un Dieu étrangement tordu. Bien qu’assez court, ce texte nous montre à quel point Isabelle Lauzon est une auteure à surveiller. Ses descriptions limpides, si près d’une poésie fantaisiste, nous engagent sur les voies qu’elle trace pour nous sans qu’on puisse y résister.
Mais Solaris 189, c’est plus que des nouvelles littéraires. On y trouve aussi une chronique faisant l’osmose entre le Vatican et les extraterrestres, une revue cinéma de la science-fiction et les critiques des complices de la revue. Bref, une petite perle que vous devez absolument avoir au moins feuilleté. D’ailleurs, une application sur le site de Solaris nous permet de le faire en plus d’avoir accès aux images couleur. Et quel bonheur de savoir qu’à partir du numéro d’avril, les lecteurs qui choisiront la version papier recevront une revue en couleur sur un papier à la hauteur des chefs d’œuvres qu’elle contient.
Mais si nous laissions un peu la science-fiction et le fantastique pour explorer les noirs abysses, le polar et les mystères cachés dans les pages d’Alibis. Quatorze années d’expériences ont forgé cette publication qui gagne à être connue. Dans son édition de l’hiver 2014, Alibis nous dévoile des textes fascinants. «Précoce Vocation» de Paul Scadera en est un exemple. Par le biais de personnages d’une naïveté touchante, il exploite la triangulation entre le bourreau, la victime et le sauveur qui se loge en chacun de nous. De son côté, Isabelle Lauzon, qui en est à sa première parution chez Alibis, nous entraîne dans une histoire macabre à travers les yeux d’une jeune excentrique désarmante d’intensité. André Jacques vient enrichir le tout de «God, Gold & Guns», une aventure rocambolesque d’extorsion qui… se laisse déguster sans qu’une chroniqueuse vous dévoile le contenu. Ah! Bien sûr! Je ne peux vous gâcher ce plaisir! C’est pourquoi j’arrêterai ma description de ces délicieuses nouvelles. Si vous souhaitez voir un échantillon de ce qu’Alibis vous offre cet hiver, allez explorer ses pages en cliquant ICI et pour Solaris en allant LÀ.
Néanmoins, permettez-moi de conclure en vous parlant de ce qui caractérise le mieux cette publication. La constante ouverture de la direction face aux écrivains de la relève mérite d’être saluée. En effet, en plus de diffuser des textes de qualités, Solaris et Alibis se sont donnés comme mission d’être un tremplin formateur pour les jeunes auteurs. Alors, ne vous gênez pas pour mettre leur accessibilité à l’épreuve. Vous avez envie de tenter l’aventure de mettre en mot votre créativité, essayez-vous! Vous avez des questionnements au sujet du monde de l’édition, Pascale Raud se fera un plaisir de vous répondre. Les appels de textes sont permanents sans thèmes fixes afin de laisser le plus de place possible aux nouvelles créations. Profitez de cette chance unique pour arpenter les sentiers de l’écriture. Qui sait, peut-être que ce sera votre texte que GDG recensera sous peu!
* Les abonnements peuvent se faire ICI pour la revue Solaris et LÀ pour Alibis. Bonne Lecture!