Dans la suite de chroniques littéraires entourant la «St-Valentin», fête de l’amour mais aussi celle de l’amitié, nous vous proposons La légende de McNeil, une novella de la collection Nova des Éditions les Six Brumes. Ce récit qui n’est pas, en terme de longueur, ni une nouvelle ni un roman. Pratiques et disponibles à faible coût (2.99$ en version numérique, 6$ en version papier), il se glisse dans une poche de pantalon, une sacoche ou un sac sans aucun problème. C’est donc le format parfait pour lire dans son quotidien. Ainsi, vous pourrez passer au conseil #2: Être présent pour ceux qui nous tiennent à cœur.
Cette œuvre qui a pris naissance dans l’épicentre d’une amitié entre Jonathan Reynolds et François-Pierre Bernier, a tout pour vous inspirer. Bien sûr, il faudra se fier à l’ambiance que crée l’auteur, car vous n’aurez pas la musique que Frédéric Durand y a ajoutée lors du lancement le 13 décembre dernier. Néanmoins, le talent incontestable de Jonathan Reynolds en matière de description vous fera vivre un voyage extraordinairement glauque dans son patelin natal: Bromptonville.
«À leur gauche s’étend un terrain abandonné, où tentent de survivre des herbes hautes d’un vert presque noir avec des coulées rouges. Quelques arbres aux branches torturées ceinturent l’endroit qui contraste avec l’ensemble du paysage. Au centre de cette désolation s’élève une petite colline sur laquelle règne une maison croulante et visiblement abandonnée depuis longtemps. Marie frisonne en apercevant en bas de cette pente une grange parcourue de moisissure et aux portes qui battent au vent. Elle ne pourrait pas dire laquelle des deux bâtisses lui inspire le plus la peur.»
Malgré l’intrigue simple, l’auteur nous entraîne à travers sa prose vers le point central d’un groupe d’amis en 1996. C’est d’ailleurs dans ce village reculé de l’Estrie que ce dessinera un tableau relationnel original. Les liens étroits quoi que parfois tordus entre ces jeunes font résonner de bons souvenirs chez certains ou des rêves enfouis pour d’autres. C’est d’ailleurs à travers leur façon d’être là pour les autres qu’il serait bon de s’inspirer. Particulièrement dans le cas de David et de Marie dans leur vie adulte. Il est toujours bon d’avoir quelqu’un près de soi dans la tempête. Comme on ne sait jamais le moment que l’univers choisit pour nous envoyer une épreuve sur notre route, ce sont les véritables amitiés qui nous donnent la force de les affronter. Comme le dit si bien le personnage de Marie: «On veut oublier ce qui s’est passé, mais le sang, ça prend du temps à disparaître…».
Le lecteur passe donc d’une époque à l’autre en oscillant entre la jeunesse de 1996 et la vie adulte des survivants en 2006. Toutefois, des drames comme ceux décrits dans «La Légende de McNeil», ne peuvent que laisser des séquelles profondes. L’auteur les survole. De nombreuses questions restent donc sans réponse. Néanmoins, sachez que c’était l’objectif de l’auteur. Lors d’une entrevue, Jonathan Reynolds nous a confirmé qu’il n’y aurait pas de suite prévue pour cette novella. Bien que l’histoire s’y prête, il aime bien laisser les lecteurs s’imaginer des finalités possibles. C’est pourquoi certains resteront peut-être sur leur faim. Cependant, c’est l’occasion idéale de faire germer des trames narratives à votre goût. Qui sait? Peut-être lirons-nous un jour une «fan-fiction» de votre crue!
La narration de Jonathan Reynolds dans cette oeuvre a de quoi insuffler le goût de la langue à un large public. Dans un langage accessible, il fait défiler les rebondissements à une vitesse constante. Il place d’abord ces «pions» pour ensuite faire débouler l’intrigue correctement. Les chapitres qui enchâssent les époques donnent une belle dynamique au récit. Le seul bémol à tenir compte c’est le vocabulaire dans les dialogues. Le lecteur qui n’aime pas lire le joual sera probablement agacé par les échanges entre les personnages. Mais qu’à cela ne tienne, le suspense de l’histoire nous fait oublier ce désagrément grâce aux non-dits. En effet, l’auteur laisse toute la place à l’intelligence de ses lecteurs. Ce qui est très apprécié!
Bref, «La Légende de McNeil» a tout du film d’horreur dont l’ambiance prend toute la place qui lui revient. À cela, il faut ajouter l’art de tisser des liens solides entre les personnages et vous aurez une bonne idée de la qualité de cette novella.
Tout comme vous, Gangdegeeks.com suivra avec attention l’émergence de Jonathan Reynolds et attendra avec impatience la prochaine œuvre. Surveillez notre blogue, une entrevue avec cet auteur sympathique paraîtra sous peu.
Résumé: Ç’a commencé avant la mort du vieux McNeil. Henry McNeil qu’il s’appelait. Il habitait ici. Juste là, dans la maison. Ça pis la grange, c’est tout ce qui reste de la ferme. On veut oublier ce qui s’est passé, mais le sang, ça prend du temps à disparaître…
Titre : La légende de McNeil
Auteur : Jonathan Reynolds
Genre : novella – fantastique – 13 ans et plus
Éditeur : Éditions les Six Brumes
Date de parution : décembre 2013
Note : étoiles de la mort!