En ce froid sibérien, alors que nos vies sont propulsées à des vitesses lumières, le «cocooning» fait fureur. Pourquoi ne pas reprendre nous aussi notre souffle? De nombreux «geeks» font régulièrement des randonnées en forêt pour y arriver. D’autres, plus frileux préfère l’évasion littéraire. Suzie Pelletier nous y invite à sa façon par le biais de sa série «Le pays de la terre perdue» publiée par les Éditions Véritas.
Depuis peu retraitée, cette auteure dynamique nous fait visiter cette «terre perdue». Que ce soit ce coin calme où on aime se recueillir ou un espace secret en nous, ce refuge peut s’avérer essentiel. À travers son récit, Suzie Pelletier amène le lecteur à prendre un temps d’arrêt, à revenir vers l’essentiel. D’ailleurs, Nadine, le personnage principal, y arrive à merveille. Attachante, avec un humour particulièrement intéressant, elle est la partenaire d’aventure rêvée. Efficace, elle a, la plupart du temps, une approche positive lorsque les circonstances l’amènent à devoir trouver des solutions. Alimenté par le fil de ses pensées, le récit dépeint un monde magnifique malgré son hostilité, parfois même sa cruauté, où la survie est reine.
« Ce ne sont pas les évènements qui forgent la personne, mais bien notre façon d’y réagir, de les aborder et de les surmonter. » Suzie Pelletier
Fortement inspirée par Jean M. Auel, auteur de la série «les enfants de la terre», l’auteure nous fait vivre une quête humaniste au cœur de lieux ressourçant pour quiconque aime la nature. Bien entendu, les lecteurs «geeks» apprécieront les références aux films cultes que Suzie Pelletier a joliment imbriqués dans sa narration. Elle aborde avec brio les défis psychologiques liés à une solitude imposée ainsi que les liens que Nadine créera avec les êtres vivants qui l’entourent.
D’autre part, l’auteure décrit les lieux habités par son personnage principal avec un amour vivant de la nature. Dans un vocabulaire accessible à tous, elle a l’art de faire voir au lecteur un habitat rempli de merveilles malgré les épreuves qui attendent Nadine.
«Nadine accueille l’aube avec une sorte d’apaisement, en observant les subtilités de ses yeux grands ouverts. Elle remarque l’air plus frais que la veille et aussi ce léger vent faisant battre la toile de sa tente. Les premiers chants d’oiseaux s’entremêlent aux bruissements des feuilles en un doux concerto. Elle pointe son nez hors de son abri pour apercevoir un ciel sans nuage et un soleil éblouissant qui scintille en jouant avec l’eau de la rivière.»
Loin d’être un environnement post-apocalyptique, «Le pays de la terre perdue» offre plutôt un décor naturel réaliste. La force de caractère, les valeurs humaines, l’importance de la vie, plutôt que de destruction, transparaissent à travers la prose de l’auteure. Naturellement, certains lecteurs trouveront certaines longueurs dans le texte. Toutefois, il est important de se rappeler que ces moments de latences sont tout à fait normaux dans le cadre d’une survie en forêt. Alors, pourquoi ne pas en profiter pour observer la vie à travers les yeux de Nadine? Votre environnement ne vous offre-t-il pas de petits trésors à contempler? Les reflets étincelants sur le paysage gelé ne sont-ils pas préférables à la «maudine-de-slush-qui-me-gâche-la-vie»? C’est cette voie différente que vous offre «Le pays de la terre perdue». L’aventure se déclinant en plusieurs tomes, dont les deux premiers sont déjà accessibles dans la majorité des bonnes librairies, sachez que le troisième volet de la série (La mer) paraîtra le 28 février prochain. Un périple aussi original que ressourçant qui fera la plus grand bien à tous ceux qui ont besoin d’un grand bol d’air!
Résumé tome 1: Nadine ouvre les yeux et tout son monde a disparu. Avec sa tente orange et des provisions de survie pour cinq jours, que peut-elle faire ? Sans savoir exactement où elle se trouve, les questions et les émotions se bousculent dans sa tête. Commence pour elle une quête exceptionnellement humaine pour retrouver la civilisation… La Terre perdue se laisse découvrir pas à pas, parfois hostile et parfois envoûtante. Nadine est-elle la dernière survivante ou la première humaine à fouler cette terre ?
Résumé tome 2: Quarante jours après son réveil sur le mont Logan, alors qu’elle a cherché inlassablement le chemin pour rentrer à Montréal, Nadine doit s’accrocher si elle veut survivre. L’hiver représente une menace bien plus grande encore que tout ce qu’elle a affronté depuis qu’elle explore le Pays de la Terre perdue. Constamment ramenée à l’urgence d’agir, même si le temps pour Nadine n’a plus aucun sens mathématique, c’est la nature cette fois qui crée cette course contre la montre psychologique, en la poussant aux limites de ses forces. Implacable réalité de la froidure qui mord et menace en silence tout en créant un émerveillement incomparable. Devant une beauté si cruelle, comment une femme sensible peut-elle trouver un sens à cette quête de survie ? Où puisera-t-elle son énergie ? Sur quelles bases pourra-t-elle espérer encore, et encore, et encore sans tomber dans la naïveté ou sombrer dans la folie ?
Titre : Le pays de la terre perdue
Auteur : Suzie Pelletier
Genre : Fiction
Éditeur : Les Éditions Véritas
Date de parution : Tome 1 en mars 2013, tome 2 en octobre 2013.
Note : étoiles de la mort!